Cela fait maintenant 9 ans que l’on se connaît avec François. Ce stage résonne donc comme un retour aux sources puisque c’est en Catalogne et plus particulièrement à Mont-rebei que, 9 ans plus tôt, la cordée Gerland-Fouré a noué une belle amitié lors d’une sortie nocturne.
 
			Jour 1 : trajet et retour sur le rocher
Pour amortir le trajet Normandie -> Catalogne, nous décidons de nous retrouver à Bossòst, en Espagne, avec François. Après un café rapide et un point sur la route, nous revoilà partis en direction du barrage de Sopeira près de Pont de Suert. Cela nous permettra de nous remettre ensemble sur le caillou et couper la route jusqu’à notre camp de base.
Au programme :
Petite grande voie de 150 m équipée sur la paroi de l’Escalès que nous grimperons en réversible dans la mesure du possible et des sensations. Nous choisissons pour cette première journée la voie : Saca Molla 150m, 5c max, 5b oblig.
 
			 
			 
			C’est une promenade de santé pour François comme pour moi. Une joli découverte de cette falaise dont j’ai longtemps entendu parler mais où je n’avais encore jamais grimpé.
NDLR : si vous avez lu le précédent article sur les Calanques, j’aime bien à chaque fois que je vais grimper avec des clients faire des premières ! On se rappelle toujours des personnes avec qui ont partage des premières.
 
			 
			 
			 
			La journée se termine tranquillement par la descente du barrage par les escaliers. Escaliers où il faut rester concentré tout de même.
Nous décidons de nous poser un camp de base près de Tremp. Ce qui nous permettra de grimper en étoile sans avoir à nous soucier d’où se poser le soir.
 
			 
			Jour 2 : voie historique au Terradets : la CADE
Rien de très dur aujourd’hui que ce soit en approche, en grimpe ou à la redescente. Seulement une longue journée sur le rocher pour grimper les 580 m de la voie CADE sur la paroi des bagasses aux Terradets.
François ouvre la voie en commençant en tête, ou plutôt en solo jusqu’au premier point de la voie à 15m puis en tête ! (Ne pas dire ça à sa femme Marie-Hélène, oups! 🤣)
François est en forme, on grimpe en réversible une grande partie de la voie, on avance bien quand le soleil arrive on tombe les kway et pull. On passe en 10 minutes de la fraîcheur de l’automne à la chaleur du printemps.
 
			 
			 
			 
			 
			 
			On sort tranquillement en milieu d’après-midi au sommet.
S’ensuit la bonne redescente en longeant l’arête puis les trois désescalades avec les chaînes. Et en passant le long des nouveaux filets anti-chute de pierres.
Le dernier sentier aérien surplombant la falaise est désormais protégé par un câble et des pieux plantés dans le sol.
Retour à la voiture après une belle journée sur cette paroi impressionnante. Depuis le parking, on comteple la falaise. C’est fou de se dire que deux bonhommes comme nous ont grimpé cette face de plus de 500m.
 
			Jour 3 : journée grande voie, plus courte mais plus intense à Vilanova de Meia
Notre choix se pose sur Rampas Invertidas 225m, TD, 6a+ max, 5c+ oblig
Pour cette 3ème journée, on décide de le prendre un peu plus cool au niveau timing. La longue journée d’hier a laissé des traces. On opte pour une grande voie plus courte et un peu plus dure à Vilanova de Meià.
On jardine un peu pour accéder au pied de la voie. Toujours trop pressés de monter près de la falaise là où il fallait simplement longer tranquillement.
On apprend l’art de faire les sangliers et de monter et descendre. Compétence que nous aurons débloqué pour les prochains jours… Vous comprendrez ! 🙂
On attaque la voie avec un bon 6a des familles. À base de je prends 2 réglettes, je les sers très fort, je plie le bras le plus loin possible pour arriver à un bac. Puis je continue sur 2 mouv’s faciles avant de recommencer la même tâche intense !
Une jolie voie exigeante, plutôt bloc dans ses premières longueurs. La chaleur n’aide pas à se sentir à l’aise.
De belles sections plus faciles et du beau caillou nous encourage. Mais la fatigue de la veille rend la cordée lente et avec une grimpe poussive.
On bat en retraite en se disant que c’est dommage d’user de l’énergie pour les jours suivants sans que ça donne grand chose ce jour là.
 
			Jour 4 : diedre gris 520 m en terrain d’aventure à Mont-rebei
C’était l’objectif du séjour. C’est ce qui a motivé François à programmer ce stage en Catalogne avec moi.
Nous avons rajouté quelques voies à ça notamment la CADE aux Terradets mais cette voie du dièdre gris, on en parle depuis la première fois on a grimpé ensemble à Mont-rebei.
Il y a un grand engagement dans cette voie à la fois car l’approche est longue, la voie fait 520 m et majoritairement en terrain d’aventure où il faut tout protéger. Et le retour est également long et « poco marcado »…
Départ 6h de Tremp. A 6h55 on quitte de nuit la voiture depuis le parking Mont-rebei.
Nous marchons jusqu’au pied de la voie. Comptez entre 1h15 et 1h45 selon votre forme et le rythme.
 
			 
			 
			8h45 pied de voie pour les 2.
Puis on attaque à grimper les deux premières longueurs. Tout en sachant qu’après la grande traversée descendante de la 2ème longueur, la sortie pourra se faire uniquement par le haut ! 450 m plus haut…
À 10h35 : on est les 2 à R2 synonyme de fuite en avant !
Puis je continue de grimper, pour cette voie, on convient que je passerai devant et François aura la tâche de récupérer les proctections et gérer les cordes parfois trop tendues ou qui se coincent… Ce sont des grandes longueurs de 50 ou 55m parfois… Autant vous dire qu’on est content d’assurer son compagnon de cordée pour récupérer un peu !
11h00 Bastien R3
11h35 les 2 à R3 (2 longueurs doublés)
12h25 les 2 à R4
13h25 les 2 à R5
14h00 Bastien R6 (50m)
14h55 les 2 à R6
16h15 les 2 à R7
18h15 les 2 à R9 (sommet)
 
			 
			 
			Le sommet est magnifique depuis le haut de la voie. On se remémore la sortie de nuit et sans frontale il y a 9 ans.
On se dit qu’on est mieux que lors de notre précédente expérience mais qu’il est annoncé 2h00 de descente retour et qu’il ne faut pas tarder même si nous avons les frontales chargées dans le sac.
Après une courte pause pour savourer le sommet, boire et manger un peu, on attaque à descendre.
Le chemin est assez clair dès le début, on descend le premier canal « poco marcado » qui reste assez logique.
On suit quelques cairns, mon habitude de ces terrains raides me font attendre François qui n’a pas autant la possibilité de crapahuter dans ce type de terrain dans sa douce Normandie.
Un moment de déconcentration et on perd le fil de cairns et de notre cher chemin « poco marcado ». On persiste, on disant qu’on est entrain de le rattraper mais on s’enfonce, certe dans la bonne direction du parking, dans une végétation tout juste pénétrable.
Et nous voilà parti tels des sangliers à couper dans les arbres et fourrés (comme le nom de famille de François, à croire que c’était une vocation) pour tenter de retrouver au mieux le fameux sentier.
Forcément c’est à ce moment là que la nuit tombe, notre frontale nous aide qu’à moitié car nous voyons uniquement notre faisceau de 5 m de diamètre, sans vision globale.
On garde notre CAP tout en bartassant.
Après quelques doutes, plus vraiment d’eau, nous trouvons la solution en suivant le pied d’une falaise qui nous ramène sur un sentier de grimpeurs jusqu’au sentier creusé dans les Gorges de Mont-rebei.
La vue de ce sentier marqué par les pas de grimpeurs et quelques branches coupées nous donne un espoir qui redonne de l’énergie à François comme à moi.
Il est 22h00, on a bien jardiné mais on marche sur le sentier plat de gorges.
On se prend dans les bras, encore une belle aventure. Décidément, il ne faut rien sous-estimer à Mont-rebei.
On termine à revenir au parking puis rentrer au camping.
Tout est bien qui fini bien.
Le soir, on tombe de sommeil, la nuit sera courte mais réparatrice.
 
			 
			Jour 5 : prendre le temps de savourer en Catalogne
On se réveille mâchés de la longue journée de la veille. C’était une belle aventure. Aujourd’hui l’envie de savourer l’expérience d’hier prime. On boit le café, on échange sur des manips, des astuces et on décide d’aller manger en ville au restaurant. Ça nous fait du bien et on se dit qu’on va finir le stage comme ça.
L’idée de remettre les pieds dans les chaussons et le corps sur le rocher ne nous dit trop rien.
On rêve déjà à d’autres aventures.
Pour l’instant la fatigue est encore trop présente pour réfléchir avec lucidité.
On regarde les photos et on savoure.
Merci pour toutes ses premières avec toi François :
– 1ère au barrage à Sopeira – Pont de Suert
– 1ère voie aussi longue 580m
– 1ère fois où je me perds aussi longtemps en forêt !!!
– 1ère au Dièdre gris à Mont-rebei
Merci de ta confiance et à bientôt pour de prochaines aventures (sans se perdre cette fois-ci !! A moins que :))))
Bon séjour dans le Sud,
Bastien
Salut Bastien,
Une croix dans le dièdre gris.. c’était quelque chose.. la paroi des Bagasses c’était pas mal non plus.. presque 600m de paroi… Ça cause ! Bon digérons ces merveilleux moments partagés..
Reste un problème… quel sera notre prochaine première ensemble ??
Il faudrait que je me mette enfin à pratiquer serieusement l’escalade😜 pour envisager la galli molero à la Rocca Regina ou pourquoi pas la Cade sur la paroi d’Aragon… tu sais, celle des super ombres!😉
À bientôt sur les parois
François
Ps: je suis toutefois ouvert à toute idée pourvu qu’elle soit déraisonnable